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dimanche 1 décembre 2013

LA VERITABLE HISTOIRE DE TAUPINAMBOUR



Christine LACROIX est écrivain et nous fait l'honneur de nous accorder sa Nouvelle "La véritable histoire de Taupinambour".
Nous la remercions pour cela. Cette Nouvelle est légère, toute mignonne, tout public. 
Ingrédients : humour, connaissance et émotion.
Au bas de cette page vous pouvez voir les couvertures des ses œuvres. Pour les avoir lues, je peux vous affirmer que c'est excellent !


Son blog : 

Place à : La véritable histoire de Taupinambour !
 
J’ai déménagé cette nuit. Je ne m’entendais plus avec mes voisins. J’habite les Ardennes-belge. Je suis passée sous une espèce de frontière, un grillage. Je pense que je suis maintenant en Belgique. Mes nouveaux voisins sont très bruyants la journée, leurs coups répétés résonnent dans mes galeries. Mais la nuit c’est le paradis, je suis seule en mon domaine et les retards chroniques dans le métier du bâtiment devrais me valoir encore quelques mois de paix.
C’est le jour où mon ancien colocataire décida de faire pousser « the green » sur ma parcelle en friche que nos opinions divergèrent. Ma mère m’avait pourtant prévenu.
 
- Jamais au grand jamais tu ne t’installeras sur un terrain de golf ou dans un jardin de propriétaire terrien ! Choisi plutôt une pâture à charolaise ou une forêt de feuillus.
  


Mais voilà, au bout de deux mois et demi quand je me suis retrouvée à découvert avec mes trois frères sur le plateau des vaches, le premier terrain abandonné que mes pelles détectèrent fut le bon. Comment pouvais-je deviner que des maisons allaient pousser comme des champignons après mon emménagement ? 


 
Je creusai mon tunnel sous gravats à quinze centimètres de profondeur dans ce sol meuble. J’étais au régime 6/4 : 4 heures de travail, 4 heures de sommeil, 4 heures de boulot. A chaque quart je forais deux cent cinquante mètres de souterrains, j’en profitais pour avaler tout ce qui tombait sur mon passage, vers, larves, chenilles, chrysalides, mille-pattes, œufs de fourmis. Mais vous allez me dire, c’est bien beau de faire la guerre des tranchées mais la terre enlevée tu la mets où ? Dès le départ je m’organisai, je plaquais un maximum de terre aux parois, avec mon tour de taille respectable, rien de plus facile et le surplus, quand même quinze kilos les 90 minutes (des spécialistes ont calculé pour moi), je les envoyais derrière moi. Quand le remblai avait atteint dix fois mon poids, je me retournais et à grand coup de rein et avec ma seule patte avant droite, mon groin étant trop fragile, je poussais, je poussais, je poussais, ouf ! Et voilà le surplus débouchait à l’air libre à vingt centimètres en surface. Une cheminée d’évacuation tous les cinquante centimètres me suffisait. Je fabriquai aussi des trous d’aération, une toutes les deux mètres cinquante, pas question de risquer l’asphyxie. Si l’hiver est trop rigoureux, j’en reboucherai quelques unes. 


 
J’aménageai  aussi ma chambre à coucher, ce fut la deuxième fois de ma vie que je me retrouvai à découvert après la mise à la porte familiale. J’avais besoin de garnir ma couche. Je sortis donc lors d’une nuit sans lune par une cheminée d’aération et je ramassai ce qu’il y avait à proximité, du foin, des feuilles mortes, un vieux journal l’Equipe, de la ficelle et de l’herbe. Au bout de quelques semaines mon domaine faisait plusieurs kilomètres. Allais-je pouvoir m’y retrouver dans ce labyrinthe ? Oui car j’avais la « taupographie » des lieux dans ma tête et aussi une astuce de sioux, j’avais uriné pour marquer chaque embranchements. 


 
Mais au fait j’ai oublié de me présenter. Je m’appelle Taupinambour, j’ai un an et trois mois, je fais dix sept centimètres queue comprise et je suis un peu ronde. J’ai deux petits trous pour les oreilles dissimulés sous ma jolie fourrure gris taupe et deux billes noires pour ma myopie. A l’avant j’ai le plus sophistiqué des détecteurs sensoriels, un groin tout rose. Deux pelleteuses avec cinq crochets propulseurs, des pattes arrière plus petites pour avancer et 44 dents pour mâcher la terre abrasive. Il paraît que c’est à cause de cette terre que mes dents s’émoussent au bout de 4 ans et que je meure faute de pouvoir me nourrir. Mais pour le moment je suis jeune et je respire la vie à plein poumon, surtout que j’ai un appareil respiratoire à double capacité comme les plongeurs, il faut dire que dans mes galeries l’air est raréfié à 10% d’oxygène seulement, mais je compense avec deux fois plus de sang et d’hémoglobine. 

 


 
Et voilà j’étais installée depuis un an dans ma vie underground, mes monticules de terre étaient passés complètement  inaperçus sur ce terrain à l’abandon, bien installée, la guerre des tranchées pouvait commencer. Je parcourais mes galeries à la vitesse réglementaire de trois kilomètres six et je chassais à l’odeur tous les hôtes de passage. Même l’hiver je m’étais organisée, faisant une réserve de lombrics en leur coupant la tête, ils restaient ainsi immobiles, car privés de centre nerveux. Si au printemps j’avais négligé de les manger, les morts-vivants se refaisaient une tête neuve et retournaient à la vie sauvage. 


 
Tout allait bien sous la prairie jusqu’à ce jour d’août où le thermomètre passa la barre des trente cinq degrés, le soleil obligea les vers à quitter la surface, ils estivent quand la terre devient trop dure et moi, me retrouvant sans ressource je due creuser de nouveaux tunnels pour subvenir à mes besoins journaliers et c’est là que les ennuis ont commencé. 



 
J’avais déposé un monticule brun tous les cinquante centimètres sur ce magnifique vert anglais, dessinant un jardin zen digne d’un maître japonais. Mais voilà, mon voisin était européen et ne comprenait rien ni à l’art moderne, ni à l’art asiatique. Il poussa les hauts cris. J’eu beau lui expliquer que j’aidais au drainage du sol et que je facilitais la pousse de son gazon anglais, que le tout à l’égout naturel allait aider à l’évacuation de la grosse pluie d’orage qui menaçait de s’abattre cette nuit et que les salades encore intactes au fond du jardin l’étaient grâce à mon appétit féroce des bouffeurs de batavia, il ne comprenait rien. Je le menaçais de demander la nationalité allemande puisque notre espèce est protégée dans ce magnifique pays depuis 1986. Mais il resta sourd  et il se procura un livre intitulé « Comment se débarrasser des nuisibles de votre jardin ». 

 
Ce livre conseille au jardinier de percer un trou dans le toit de notre tranchée et de placer le piège dans la galerie. Comme nous sommes très à cheval sur les courant d’air, nous nous précipitons pour colmater la fuite et nous tombons dans le panneau. Les hommes ont inventé toutes sortes de technique pour nous emprisonner, nous noyer, nous broyer, nous transpercer, nous étriper, nous attraper une patte ou un groin. Heureusement dans mon malheur, mon voisin passa rapidement les pages du musée des horreurs et arriva au chapitre « comment se débarrasser des taupes pacifiquement ». 

  
Il expérimenta la première méthode. Il planta une perche au milieu du jardin et déposa sur le faîte une bouteille en plastique. Le bruit était tellement effrayant quand la bouteille jouait avec la brise que je m’enfuis à toutes pattes au plus profond de mon tunnel. Mais petit à petit, ayant analysé le danger inexistant, je repris mes activités usuelles. La canicule étant toujours là et mes sorties nocturnes pour me ravitailler en eau et en insectes ne me suffisant pas, j’entrepris de parachever mon œuvre et je creusais de nouvelles tranchée.
 
Mon voisin passa à la deuxième méthode. Il remplit une de mes galeries d’huile de vidange. Je ne vous dis pas l’odeur ! Surtout pour mon odorat disproportionné. Je rebouchai rapidement la section défectueuse et en entrepris une autre. Cela ne plût pas du tout à mon colocataire. 
 
Il reprit sa lecture. Euréka ! Il avait enfin trouvé la solution. Il retourna tout son garage, il revint avec un fil barbelé qu’il introduisit dans un de mes passages préférés. Comme j’ai une peur bleue des pièges, je fermai cette bouche de métro et en construisit une autre un peu en dessous de la première. Les trois nouveaux monticules bruns sur la pelouse verte rendirent mon voisin fou de colère. Il reprit sa lecture par le début. Il se mit à confectionner un piège avec un tuyau, des pointes acérées et une vis à écrou. Cette fois-ci je paniquai, je pris mes pattes à mon cou et je passai la frontière.
 
Mon nouveau domaine ressemble comme deux gouttes d’eau à ma première résidence. J’ai repris mon ancien rythme, les 4/6, métro, dodo, boulot. J’ai trouvé des feuilles mortes, des copeaux de bois, de l’herbe et une page déchirée de la Hulotte pour décorer ma chambre. Le déménagement m’a beaucoup fatigué mais maintenant je suis installée et j’ai repris mes déambulations dans mes galeries, la température extérieure est redescendue à vingt degrés et les lombrics tombent comme des mouches le long de mes boyaux. 
  
Mais au mois de mars, vers le 6 de 9h du matin à 10h le lendemain exactement, je me sentis toute drôle. Les spécialistes appellent cela les chaleurs et il parait que ça dure 25 heures chez la famille des talpidés et ne se produit uniquement qu’au mois de mars. C’est eux qui le disent. Toujours est-il que je me sentais bizarre ce matin là.
 
En fait, depuis le mois de février c’était l’effervescence de l’autre côté de la frontière. Les mâles en rut qui avaient mis leur montre à l’heure d’hiver s’activaient, creusant tous, ils étaient trois, de nouvelles galeries dans ma direction. Il faut dire que vingt cinq heures pour féconder une femelle, le défi est de taille. Plus question de faire les 4/6, le mâle travaille sans relâche, il dort là où il s’écroule quand l’épuisement le prend et reprend dès qu’il se réveille. Alors ça forait, ça forait, ça forait ! Le 6 mars à 11h30 du matin Risottaupe tenta le tout pour le tout, en retard déjà de plus d’une heure, il remonta à l’air libre, à ces risques et périls, et continua son sillon près de la surface beaucoup plus facile à creuser, dessinant à la vue de tous et surtout à la vue perçante de la buse son parcourt du rut. Tricérataupe le talonnait de près, mais ne prit pas le risque de se faire découvrir et continua sa trace d’amour en profondeur.
 
Risottaupe arriva le premier, notre coup de foudre fut immédiat mais je dois dire bref car au bout d’une heure il s’en retourna dans son pays. Tricérataupe voyant la place prise bifurqua vers une autre destination, il avait encore vingt deux heures devant lui. Il tomba amoureux d’une voisine prénommée Taupless. Pataupe se présenta à mon domicile à la 26ème heure. Il fut reçu à coups de pelles, de crocs et de griffes. Quand c’est plus l’heure, c’est plus l’heure. Il ne trouva pas de fiancée cette année là. 
 

 Début avril, trente jours après la visite de mon mari, je me sentis de nouveau toute drôle, depuis quinze jours déjà je me trouvais ballonnée. J’avais beau faire attention à mon régime, jamais deux vers à la fois, je faisais un kilomètre de jogging par jour dans mes souterrains, je n’arrivais pas à maigrir. Je m’étais pourtant activée depuis quelques semaines. Il faut que je vous dise, je m’étais construit une petite folie, une chambre sans vue et sans issue de secours, allez savoir pourquoi. Elle était si confortable que je m’y installai. Et voilà que quatre souriceaux me sortent du ventre. Vous parlez d’une surprise ! Quatre adorables coquelicots de trois grammes et demi. Je décidai de les adopter et de leurs trouver des noms Taupaze, Taupeten, Aristaupe et Taupique. Puis je redoublai mes efforts pour nourrir tout ce petit monde. Au bout de trois semaines ils avaient atteint le confortable poids de soixante grammes. 


  Ils en étaient si émus qu’ils en changeaient de couleur chaque semaine passant du rouge coquelicot de la naissance aux pétales de rose, puis au gris bleuté et finalement ils adoptèrent tous le noir. Un peu triste comme choix final, après être passé par de si joli ton de l’arc en ciel, non ?
 
Maintenant le mois de mai touche à sa fin. Mes enfants ont aujourd’hui deux mois et demi. Ils ont épuisé mes réserves de carabes, vers « fil-de-fer », larves de tipules, bibions, vers blancs de hanneton, courtilières. Puis ils deviennent bien encombrants. C’est qu’ils ont pris de l’embonpoint depuis leur naissance. La cohabitation devient difficile. Une nuit où je n’arrivais pas à dormir je les mis tous les quatre à la porte ou plutôt à la cheminée, comme le père Noël, ouste ! Dans le conduit d’aération. 

  
J’appris même que Taupaze avait investi mon ancienne demeure, trouvant les galeries inoccupées, elle entreprit quelques travaux de réaménagement et s’y installa sans trop d’effort, alors que ses frères durent creuser chacun deux cent cinquante mètres de tunnel pour pouvoir jouir d’une vie confortable.
 
L’année suivante je donnais à nouveau naissance à quatre rejetons. Quatre est notre chiffre porte bonheur. Les pattes, le rythme du sommeil, les heures de boulot, les enfants, le cycle de la vie, même nos dents (pour celui qui n’a pas bien suivi depuis le début, je me répète, mère nature nous en a fourni 44 mais pas très solides), tous va par quatre dans la vie d’une taupe. 


 
Mais aujourd’hui j’ai 4 ans et 3 mois. Voilà quinze jours que je n’arrive plus à manger. Mes dents sont usées et aucun dentiste n’a de rendez-vous disponible avant un an. Mes forces me quittent, je vais me retirer au fond de mon trou. Pas besoin de m’enterrer, j’y suis déjà. Je sais que Taupaze a des ennuis avec mon ancien colocataire. Elle va passer la frontière cette nuit et s’installer chez moi. 

Christine Lacroix
(Écrivain)
De Reims - Marne (51)

Ses œuvres :






lundi 25 novembre 2013

Mille et cinq petits tracas de Vitalie (Nouvelle) - 5ème et dernier volet

Voici le Volet n° 5 des "petits tracas de Vitalie" et la fin de la Nouvelle écrite par Béatrice Riot. 
J'espère que vous avez passé de bons moments avec l'héroïne même si la fin est quelque peu tragique, mais c'est bien là le reflet de la triste vérité de la vie pour certains d'entre nous. Enfin ... Parfois .... Et l'Auteur sait très bien nous faire ressentir toutes ces émotions.
Si vous avez manqué les quatre premiers volets, voici les liens :
Volet n° 1 :
http://lesangesetlesdiables.blogspot.fr/2013/09/mille-et-un-petit-tracas-de-vitalie.html
Volet n° 2 :
http://lesangesetlesdiables.blogspot.fr/2013/10/mille-et-deux-petits-tracas-de-vitalie.html
Volet n° 3 :
http://lesangesetlesdiables.blogspot.fr/2013/10/mille-et-trois-petits-tracas-de-vitalie.html
Volet n° 4 :
http://lesangesetlesdiables.blogspot.fr/2013/11/les-mille-et-quatre-petits-tracas-de.html
Le blog de Béatrice :

http://kimcat1b58.over-blog.com/

Je profite de ce dernier volet pour vous faire connaître un livre écrit par Béatrice Riot. 
Je l'ai lu et je l'ai apprécié. Il s'agit de Lisabelle. 
Alors, BONNE LECTURE !!!!

 

Le matin, poser le premier pied sur la  carpette de lit  après une énième mauvaise  nuit est une épreuve. Se faire apostropher par son mari en est une autre. Non content que je suis passablement ensuquée. Mais ce qui allait suivre n’était pas annoncé sur le programme de ma journée.
Alain, mon beau-frère, le mari de Désirée vient de téléphoner, complètement affolé. Ma sœur est à l’hôpital. Je ne réalise pas encore la gravité des faits. Désirée a reçu plusieurs coups de couteau dans l’abdomen à la sortie du collège. Un fou furieux  lui a sauté dessus et l’a sauvagement poignardée. Son état est jugé sérieux et préoccupant. Elle est actuellement au bloc opératoire. Je n’ai pas une minute à perdre. Il faut que je saute dans le premier train pour me rendre à Annecy.
Pourtant depuis ce coup de fil assommoir, je tourne en rond dans la cuisine, j’arpente les douze mètres carrés comme un automate, le dos raide, les bras croisés, les jambes cotonneuses et les mâchoires crispées. Je suis sous le choc. J’imagine ma pauvre Désirée baignant dans son sang sur le bord d’un trottoir. Ma pauvre tête va exploser. 




Mon cher et tendre au lieu de me réconforter  ne fait rien non plus pour me remonter le moral :                           


- Tu ferais mieux de te dépêcher de déguerpir. Si elle est entre la vie et la mort !
- Tais-toi Loup pour l’amour du ciel ! Ne parle pas de malheur ! Je suis déjà assez choquée ! Ce n’est pas la peine d’en rajouter !
- Sans être alarmiste, il ne faut pas te voiler la face. Ses blessures sont graves. Alain te l’a dit. Elle risque de mourir.
- Et mes parents tu y as pensé ? Ils sont âgés et pas en très bonne santé. Mon dieu non ! Faîtes qu’il n’arrive rien à ma petite sœur !
- Ta petite sœur n’est pas autrement faite que les autres ; elle est de chair et de sang…
- Ce n’est pas possible Loup ! Comment tu peux me parler de la sorte ? Bien sûr, il ne s’agit pas de ta sœur à toi. Et puis tu ne l’as jamais trop portée dans ton cœur, Désirée. De toute façon, tout le monde le sait, tu as un cœur de pierre.
- Non Vitalie, je suis réaliste c’est tout. Nous sommes tous mortels et quand c’est l’heure de son dernier rendez-vous, il faut s’y rendre. On n’a pas vraiment le choix.
- Puisque c’est ainsi, je m’en vais… Surtout ne m’accompagne pas, je n’ai pas besoin de toi pour trouver mon chemin. Je vais appeler un taxi pour aller à la gare.
  
- Comme il te plaira. Bon voyage.



Auteur : Béatrice Riot
(Écrivain)
De Noé en Haute Garonne (31)

mercredi 13 novembre 2013

Les mille et quatre petits tracas de Vitalie - Nouvelle (4ème volet)

Voici donc le quatrième volet des "Tracas de Vitalie".
Là, c'est le blues .... Vitalie s'ennuie, tout lui échappe ... Son fils, son village, ...
Que nous réserve le cinquième et dernier volet ? 
Mystère ...

Si vous avez manqué les premiers volets de cette Nouvelle, voici les liens :
1er volet :
 http://lesangesetlesdiables.blogspot.fr/2013/09/mille-et-un-petit-tracas-de-vitalie.html
2ème volet :
 http://lesangesetlesdiables.blogspot.fr/2013/10/mille-et-deux-petits-tracas-de-vitalie.html
3ème volet :
 http://lesangesetlesdiables.blogspot.fr/2013/10/mille-et-trois-petits-tracas-de-vitalie.html
Blog de l'Auteur :
 http://kimcat1b58.over-blog.com/

 
Désirée sait que je m’ennuie dans mon village qui compte à peine trois cents âmes. Elle ne m’envie pas du tout. Il faut que les choses bougent autour d’elle. Elle s’éclate trop dans sa ville savoyarde. A presque cinquante ans, elle se dévoue corps et âme à ses fils et à ses élèves.
Phénomène curieux et inexpliqué, les filles Pierrelys n’ont eu que des fils. A nous trois, quatre garçons répondent à l’appel dont le mien Cyprien qui fêtera ses trente ans l’année prochaine. Seule Claire n’a pas d’héritiers. C’est bien elle finalement la plus veinarde. Elle est libre comme l’air. On dit bien enfant petit, petit souci et enfant grand, grand tourment. J’ai eu mon lot de chagrins. J’ai beaucoup aidé Cyprien quand il était dans la mouise jusqu’aux sourcils et maintenant qu’il est tiré des griffes du diable, il nous ignore. A cet égard, mon rejeton est bien ingrat. Depuis cinq ans, depuis qu’il est avec sa Julie, il ne donne pratiquement plus de nouvelles et ne daigne pas franchir le seuil de notre porte ; de surcroît il faut avoir la malchance de vivre à Trou d’Enfer, rue de la Folie  ! 

Pour ce jeune homme élevé à la campagne et  devenu citadin, nous ne sommes plus que des culs terreux  et bouseux sans importance. C’est comme une grosse épine qu’on lui a enlevé du pied pour fuir plus vite son petit patelin maudit ; il est révolu le temps où une Charlotte rigolote chantait : «  Allez hop, tout le monde à la campagne ! » 

 Mon village a deux cent quatre-vingt dix-huit habitants recensés, moi y comprise. Trou d’Enfer ne possède ni église, ni même un petit commerce. La mairie-école-foyer, place de la Bascule est le seul bâtiment public. Huit rues aux noms insolites qui dessinent vue du ciel une araignée : rue de la Folie (la mienne), rue de la Sorcellerie , rue de la Montée du  Paradis (en hommage à Lucifer, cet ange déchu par Dieu qui chuta du Paradis à jamais perdu et descendit en Enfer ; voilà le prix à payer lorsqu’on ose se rebeller contre le Tout-puissant), rue des Gargouilles, rue des Fées, rue des Palefreniers, rue de Dieu (une nécessité pour conjurer le mauvais sort), rue du Gît-le-Cœur et la rue Sans Nom (les  anciens ont dû avoir peur de donner un nom à cette rue où le ruisseau Dame Blanche prend sa source au pied d’un vieux moulin délabré). Avant 1800, Trou d’Enfer était un village à part entière avec un donjon, un colombier, un pigeonnier et des écuries. Aujourd’hui il ne reste pratiquement plus rien, il ne subsiste que des ruines d’une petite chapelle romane abandonnée en lisière de forêt. Depuis 2006 il n’y a plus d’école primaire, les gens préférant scolariser leurs enfants ailleurs. En 2003, il avait fallu envisager sa fermeture, car le nombre d’élèves ne cessait de baisser. 
Cela me fait mal au cœur de constater an après an que notre petit village se meure à petit feu. Une population vieillissante entraîne un déclin démographique irréversible. Il serait temps  de « donner de l’air » aux banlieues surpeuplées et de stopper là la désertification des campagnes. Mais comment lutter contre la désertion rurale ?    
 
  Faudra-t-il ouvrir un sex-shop comme dans certaines contrées pour attirer le client ?Non certainement pas, on n’ira pas jusque là ; on ne se couvrira pas de ridicule. Ça ferait désordre. En tant que conseillère municipale, je m’y opposerais farouchement. Il y assez de vices et de vicelards de par le monde.


Auteur : Béatrice Riot
(Écrivain)

lundi 4 novembre 2013

Petite Fable

 Je vous présente Céline.
Elle est la Môman de 7 chats et son blog est une petite merveille plein de tendresse et d'humour !
Je vous invite à aller le visiter, vous allez avoir le sourire aux lèvres pendant un bon moment. 
Et sourire, n'est jamais du temps perdu ...
Je reprends l'expression de Colette dans un autre genre, mais c'est vrai !

Le blog de Céline : Le Club des 7
http://www.blog-felin.com/le-club-des-7

Et maintenant, place à la Petite Fable et à l'Humour !




MIRA, LICIA ET LA CHOUQUETTE

Mira et Licia, ayant joué TOUT l'été,
Se trouvèrent fort dépourvues
Quand la bise fut venue :
Pas un seul petit coussin
Lit douillet, moelleux couffin.

Elles allèrent crier fatiiiigue
Devant Chouquette, leur frangine,
La priant de leur prêter
Son joli pouf pour subsister
Jusqu'à la saison nouvelle.
"On te paiera, lui disent-elles,
Avant l'août, foi d'animal,
En croquettes, et des Royales ! "

Mais Chouquette n'est pas prêteuse :
C’est là son plus gros défaut !

Que faisiez-vous au temps chaud ?
Dit-elle à ces p'tites pleureuses
- Nuit et jour à tout venant
Nous jouions, ne te déplaise.
- Vous jouiez ? j'en suis fort aise.
Eh bien! Miaulez maintenant !!!!

Jean de LAFONTAINE A EAU POUR MINOU



Auteur : Céline
(Tavel dans le Gard)


samedi 26 octobre 2013

Mille et trois petits tracas de Vitalie (Nouvelle) - 3ème volet

Vous vous souvenez des deux premiers volets de la Nouvelle "Vitalie" ? Et bien voici le troisième volet.
Beaucoup plus calme, dans ce 3ème volet, nous trouvons une Vitalie romantique et un peu nostalgique. Elle pense au temps passé .... Et aussi à ses regrets.
Sa soeur Désirée, professeur d'histoire, lui envoie quelques "perles" de ses élèves relevées sur leurs copies. A ne pas manquer !!!!

Si vous n'avez pas lu le 1er et le 2ème volet de Mille et .... tracas de Vitalie, je vous invite à cliquer sur les liens suivants :
1er volet :
 http://lesangesetlesdiables.blogspot.fr/2013/09/mille-et-un-petit-tracas-de-vitalie.html
 2ème volet :
 http://lesangesetlesdiables.blogspot.fr/2013/10/mille-et-deux-petits-tracas-de-vitalie.html
 Le blog de Béatrice Riot, l'Auteur :
http://kimcat1b58.over-blog.com/
 RETROUVONS VITALIE dans ses MILLE et TROIS PETITS TRACAS ! 

Parlons-en !!! Ce jour-là, oui, j’ai eu le tort de croire que c’était le plus beau jour de ma vie comme toutes les jeunes filles. Je suis tombée seulement sur un loup et je n’ai pas fait la bonne pioche. 





A cette époque, je n’étais pas une vieille grincheuse. J’avais ce côté un peu canaille, « ce je ne sais quoi » qui fascine les hommes et les fait craquer…

AVANT !
APRÈS !


 Durant notre lune de miel à Venise, j’avais d’ailleurs eu droit aux hurlements d’un Loup jaloux qui pensait manifestement que les bellâtres italiens roucoulaient à mes pieds presque autant que les pigeons sur la Place Saint-Marc. 




« Ah, déguster un cappuccino à la terrasse du Café Florian ! Dire que les nouveaux tourtereaux risquent maintenant de convoler sans pigeons ! J’ai appris que la municipalité avait décidé d’employer les grands moyens pour empêcher les volatiles de souiller la Cité des Doges ; donc finis les grains de riz ! Que ce sera triste Venise sans  pigeons ! » Presque trente ans après le résultat est un peu décevant.


 
« C’est que dans sa jeunesse primesautière, Vitalie était appétissante, à défaut de savoir cuisiner ! » Il n’y avait pas de quoi se faire péter la sous-ventrière. Je ne savais même pas faire cuire un œuf avant le mariage ! Je m’en fichais éperdument, j’avais l’immense privilège de porter le même prénom que l’une des sœurs d’Arthur Rimbaud, poète que je vénérais. 




Vitalie, la fille de Vital Pierrelys. Ce papa souvent  absent pour obligations professionnelles qui ne s’occupait pas beaucoup de l’éducation de sa progéniture. Il était toujours par monts et par vaux. Mon père était lépidoptérologue. La lépidoptérologie est une science spécialisée dans l’étude des papillons.  Il travaillait à Japipi dans la région amazonienne de Madre de Dios au Pérou à la frontière avec le Brésil. Il orientait son activité vers la protection des insectes. Il n’était pas question pour lui  d’épingler des lépidoptères sur un tableau de chasse ; on n’était plus au XIXème siècle, où il était de bon ton d’accumuler des collections naturalistes d’animaux séchés.  



Je suis l’aînée d’une fratrie de trois filles ;  la cadette Claire et la benjamine Désirée me suivent de très près. Nos années de naissance sont respectivement 1956, 1957 et 1958. Autant dire que nos géniteurs n’ont pas chômé ! A mon avis la petite dernière  n’était pas franchement désirée… Mes parents auraient sans doute préféré un garçon… Mais Désirée a passé une partie de son enfance et de son adolescence à se faire pardonner de ne pas être un garçon et à dorer son blason en parcourant une page de la Grande Histoire de Suède. Celle de la Maison Bernadotte qui n’avait plus aucun secret pour elle. Elle connaissait par cœur le destin fabuleux de Désirée Clary, la première petite fiancée de Napoléon, épouse du Général Jean-Baptiste Bernadotte, couronnée reine de Suède et de Norvège en 1818, dont la descendance est encore aujourd’hui sur le trône. 




Ma frangine nous en rebattait tellement les oreilles que la Reine Desideria était devenue une habituée de la Maison Pierrelys. C’est tout naturellement que notre Désirée  est devenue professeur d’Histoire à Annecy. Que pouvait-elle faire d’autre ?  Bizarrement c’est avec elle que j’ai le plus d’affinités. Je ne m’entends pas trop bien avec Claire. 
Désirée a épousé un monsieur Coeurdacier, un courageux à toute épreuve. Elle ne manque pas chaque année de me communiquer les perles relevées sur les copies des élèves pour me divertir un peu  de mon trou 
 perdu :



 
- Le gouvernement de Vichy siègeait à Bordeaux.
- Jean Moulin fut victime de la Barbie nazie.
- Le génie de la Renaissance Italienne : Mickey l'ange.
- Napoléon III était le neveu de son grand-père.
- Comme Bonaparte, Jules César pouvait dicter plusieurs lettres à la fois, c'était donc un dictateur.
- Jeanne D'Arc voyait des apparitions invisibles.
- Les Allemands nous ont attaqués en traversant les Pyrénées à Grenoble.
- La Guerre de Cent Ans a duré de 1914 à 1918.
- En 1945, les Américains déclarent la guerre aux Etats-Unis.
- François Mitterrand était le successeur de François Ier.
- François Mitterrand est mort d'un cancer de l'utérus.
 
La dernière est sans conteste la plus fine !


Auteur : Béatrice Riot
(Écrivain)